LES 1 000 VISAGES DE LA VIOLENCE:
De façon générale, on distingue les violences auto-infligées (anorexie, boulimie, automutilation, suicide), les violences interpersonnelles et les violences collectives ou structurelles note. Dans le domaine de l’autodéfense, c’est évidemment la violence interpersonnelle qui nous intéresse au premier chef. Bien sûr, les violences auto-infligées sont aussi graves, mais l’autodéfense n’est pas la bonne arme pour lutter contre elles, car leur solution dépend d’une amélioration générale du bien-être mental et social de tous et toutes. Il en va de même pour la violence structurelle : nous ne pouvons malheureusement pas taper individuellement sur les doigts du système – pour cela, il faut l’action collective.
La violence interpersonnelle peut prendre différentes formes :
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Violence psychologique ou morale : les sarcasmes, railleries, humiliations, menaces, le fait de nier le libre-arbitre de l’autre ou ses perceptions, l’isolement, l’intimidation, le mépris, etc. font partie de ce type de violences. Ce genre de comportement est une attaque visant l’identité et la confiance en soi de la victime. Il est d’autant plus destructeur qu’il est plus persistant, et qu’il renforce et perpétue certains stéréotypes, notamment de genre.
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Violence physique : pousser, bousculer, tirer les cheveux, frapper avec un objet, gifler, donner des coups de poing ou de pied, brûler, mordre, étrangler, agresser avec une arme… La mutilation génitale est également une forme de violence physique (et sexuelle), ainsi que toute torture. La négligence tombe également dans cette catégorie et comprend les actes d’omission de soins (alimentaires, hygiéniques, médicaux, etc.) et d’assistance dont une personne dépendante a besoin.
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Violence sexuelle englobe toute activité sexuelle ou à connotation sexuelle non consensuelle. Cela comprend, entre autres, les plaisanteries sexuelles non consensuelles, les regards concupiscents, les appels téléphoniques injurieux, l’exhibitionnisme, les propositions sexuelles malvenues, l’obligation de regarder de la pornographie ou d’y participer, les attouchements non désirés, les rapports sexuels sous contrainte (que ce soit dans le mariage, par un membre de la famille ou un ami, par un inconnu ou comme arme de guerre dans un conflit armé), l’inceste, les actes sexuels jugés pénibles ou humiliants, l’inspection de virginité, les grossesses forcées, l’avortement forcé, la négation du droit d’utiliser la contraception ou de se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles, le mariage forcé et/ou précoce, la prostitution forcée et la traite des êtres humains et toute autre forme d’exploitation sexuelle. La violence sexuelle ainsi comprise apparaît avant tout comme une démonstration de pouvoir via la sexualité et non comme l’expression d’un désir sexuel ou d’une pulsion naturelle irrépressible. C’est pourquoi on emploie parfois aussi l’expression de « violence sexualisée ».
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Violence économique : on parle de violence économique lorsque l’agresseur exerce un contrôle inéquitable sur des ressources communes ou sur les ressources individuelles de la victime, par exemple par le contrôle de l’accès à l’argent du ménage, par le fait d’empêcher la victime de prendre un emploi ou de parfaire son éducation, ou de nier ses droits sur les biens. Ce type de violence inclut aussi l’exploitation financière ou matérielle des personnes âgées.
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Violence spirituelle : on entend par là tout comportement qui stigmatise les croyances culturelles ou religieuses d’une personne en les ridiculisant, en les pénalisant ou en forçant la personne à adhérer à un système différent. Mais le terme s’applique aussi aux pratiques coercitives exercées ou justifiées dans un cadre religieux.
Je suis sûre que chaque lectrice peut retrouver dans ces listes au moins une ou deux formes de violence qu’elle a déjà vécues (les lecteurs aussi).
Il y a, bien sûr et heureusement, des différences entre les violences ponctuelles qui laissent peu de traces à long terme, et les grandes violences qui impactent toute la vie de la victime et qui durent des années. Mais ce n’est pas parce qu’une violence n’est pas extrême, juste gênante, qu’il faut se laisser faire. Surtout ne pas se dire : « Ça pourrait être pire », car c’est un argument qui affaiblit notre capacité d’agir et de nous protéger.
Chaque violence, si petite qu’elle paraisse, est une violence de trop, et nous avons le droit de nous défendre. Si nous le voulons, quand nous le voulons.
On peut aussi distinguer des formes de violence selon leur impact sur la victime :
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Violence physique : toute agression qui entraîne douleur, maladie, incapacité, blessure ou mort.
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Violence sociale : toute agression qui dégrade ou restreint l’étendue de nos relations, de nos ressources de coopération et de solidarité.
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Violence spirituelle : toute agression qui nuit à notre joie de vivre et à notre estime de soi, qui entrave la réalisation de soi.
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Violence intellectuelle : toute agression qui empêche ou limite l’apprentissage ou l’utilisation du savoir et l’échange libre d’idées.
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Violence émotionnelle : toute agression qui utilise ou manipule les émotions de la victime afin de l’empêcher de se détendre et de se ressourcer, réduisant ainsi sa capacité de réaction face à des pressions extérieures.