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LES CHIFFRES DE LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES: 

Des nombreuses études ont montré que les violences faites aux femmes ont surtout lieu au sein de la famille, sous la forme de violences commises par les parents, les frères et sœurs, le partenaire, les enfants ou d’autres membres de la famille. Pour le reste des violences, la plupart des auteurs sont connus des femmes victimes (collègues de travail, amis, voisins, etc.).

La violence est un phénomène général, qui concerne tout le monde, femmes et hommes confondus.

 

Mais, en regardant les choses de plus près, on s’aperçoit que les violences diffèrent selon le genre des personnes considérées, et ce sur trois points très importants :

  1. Les hommes sont plus souvent victimes de violences physiques, mais moins souvent de violences sexuelles ;

  2. Les femmes sont le plus souvent victimes de violences à l’intérieur de leur contexte familial ou de couple ;

  3. Les auteurs de violences sont surtout des hommes.

Souvent, les violences faites aux femmes ne sont pas prises au sérieux faute d’information, par méconnaissance des chiffres. Comme je voudrais que vous preniez le sujet au sérieux, voici donc quelques chiffres, et sans doute plus qu’il ne vous en faut ! Désolée de vous infliger toutes ces choses pas très joyeuses. Une fois passé ce mauvais moment, nous pourrons parler de quoi faire et comment. Un peu de patience…

Ces chiffres sont à prendre avec prudence parce qu’il est impossible d’avoir des données exactes : même dans des enquêtes anonymes, des femmes ont honte d’avouer ce qui leur est arrivé, et il est fréquent de refouler des événements violents… Je cite ici quelques études menées dans des pays francophones. Cela vous donnera les grandes tendances de ce qui est dangereux pour les femmes. Vous allez voir qu’en la matière, il y a pas mal d’idées reçues dont il faut se débarrasser.

Commençons par le pire. Les femmes constituent entre 30 et 40 % des victimes d’homicide en Europe. Il faut savoir qu’elles ne sont que très rarement assassinées lors d’un hold-up qui tourne mal, ou pour les mobiles que nous voyons dans les polars : intrigues politiques, criminalité organisée, disparition de témoins dangereux… En réalité, dans deux cas sur trois, l’agresseur est un partenaire ou ex-partenaire qui tue la victime après une longue période de violences au sein du couple.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les violences physiques et sexuelles ne touchent pas une petite minorité de femmes. C’est tout le contraire : peu de femmes sont à l’abri. En Belgique, par exemple, on estime que seul un tiers des femmes a pu vivre sa vie sans subir aucune violence physique ou sexuelle. En France, 1,5 million de femmes par an vivent des violences physiques ou sexuelles graves.

Les violences qui touchent les femmes ne se déroulent pas principalement dans les caves ou les parkings mais dans la sphère familiale et intime : trois quarts des faits de violence sur des femmes en France sont le fait d’un membre de la famille, dont un quart de la part du partenaire.

Il n’y a pas de période de vie sans violence. Elle peut commencer très tôt, dans la petite enfance, et elle peut prendre des formes graves à chaque âge. Néanmoins, on constate que les violences physiques et sexuelles sont plus fréquentes entre 15 et 35 ans. Outre l’âge, être divorcée ou séparée, être issue de l’immigration, avoir une vie sexuelle diversifiée et/ou pas strictement hétérosexuelle, tout cela apparaît comme des facteurs de risque. Une partie de cette plus grande vulnérabilité est sans doute liée aux discriminations multiples et à leurs effets. Dans tous les cas, taire la violence vécue ajoute au risque de revictimisation.

 

VIOLENCE PHYSIQUE:

Les coups sont encore aujourd’hui un moyen utilisé par certains parents pour discipliner leurs enfants. C’est pourquoi une grande partie des violences physiques vécues au cours de la vie se concentre sur l’enfance et l’adolescence, ce qui n’empêche pas que beaucoup de femmes vivent des violences physiques graves au cours de leur vie adulte. En France, cela concerne 17 % des femmes adultes, la tranche d’âge avec le plus haut risque se trouvant entre 35 et 44 ans. Là encore, la moitié des auteurs de violences physiques sont les partenaires et ex-partenaires, un quart des membres de la famille et un quart des inconnus ; la majorité sont des hommes.

Les violences physiques les plus fréquentes sont des coups (gifles, coups de poing ou avec objet), des bousculades et le fait d’être jetée contre des murs ou des meubles. En Belgique, deux tiers des femmes qui subissent des violences physiques en sont victimes pendant plusieurs années.

VIOLENCE SEXUELLE:

La violence sexuelle se manifeste le plus souvent conjuguée à d’autres formes de violences, surtout verbale et physique. Une femme sur cinq a vécu une forme de violence sexuelle grave au moins une fois dans sa vie. Cependant, seule une petite partie des victimes signale les faits à la police : ainsi, la police suisse reçoit 7 plaintes pour viol par tranche de 100 000 habitant/e/s, la France 17 et la Belgique 26 par an. Au Canada, 3 % des femmes sont victimes d’une agression sexuelle par an. Les formes les plus fréquentes sont les attouchements, l’exhibitionnisme, le viol, la masturbation ou la fellation forcées.

 

La violence sexuelle peut se produire dans tous les contextes, mais la catégorie d’auteurs qui utilisent le plus souvent des formes graves de violence sexuelle sont les partenaires.

La violence sexuelle commence souvent déjà dans l’enfance, et, plus souvent encore, dans l’adolescence. Ainsi, 20 % de jeunes femmes à Genève entre 16 et 17 ans ont déjà vécu une agression sexuelle. Autre période à risque : entre 35 et 44 ans. Les formes les plus graves de violence sexuelle sont d’ailleurs celles qui durent le plus longtemps.

VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE:

Les données sur cette forme de violence sont très limitées, sans doute parce que c’est une forme de violence omniprésente. Je suis convaincue qu’il ne se trouve pas une femme qui n’a jamais été insultée, regardée avec insistance, suivie dans la rue, mise sous pression affective…

Il existe plus d’informations sur le harcèlement au travail et dans la sphère privée.

Le harcèlement peut se définir comme la poursuite obsessionnelle d’une personne contre sa volonté : coups de téléphone insistants, messages, cadeaux, invitations, et, bientôt, critiques, reproches et humiliations…

 

Les harceleurs suivent et espionnent souvent leur victime, l’attendent devant leur domicile ou lieu de travail. La victime se sent contrôlée et en insécurité constante. La menace est d’autant plus grande que, dans la majeure partie des cas, le harceleur est un ex-partenaire de la victime et qu’il a déjà eu recours à de la violence physique ou sexuelle durant leur relation. La victime sait donc que ces menaces ne sont pas des paroles en l’air. Le harcèlement par un ex-conjoint a aussi été reconnu comme principal facteur de risque d’homicide.

Au Canada, 11 % des femmes se voient confrontées au harcèlement sur une période de cinq ans.

Dans 80 % des cas, le harceleur était un homme, dans la moitié des cas un partenaire ou ex-partenaire.

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